La pandémie a mis en lumière les nombreux défis auxquels sont confrontés les foyers de soins de longue durée. Ces défis existaient déjà avant la pandémie, mais ils ont été exacerbés par les problèmes particuliers posés par un nouveau virus qui était peu connu à l’époque, mais qui touchait de manière disproportionnée les Canadiens âgés. On en a beaucoup parlé depuis la première vague d’infections par le COVID-19 au Canada : il y a une crise des ressources humaines qui se répercute sur l’ensemble du système de santé. Dans les foyers de soins de longue durée du pays, ce problème est encore plus aigu.
Le travail dans le secteur des soins de longue durée est incroyablement gratifiant. Les membres de l’équipe sont nombreux : infirmières et PSSP, personnel administratif, diététique et environnemental, responsables des programmes de loisirs, personnel de blanchisserie, travailleurs sociaux, kinésithérapeutes et ergothérapeutes, bénévoles et membres de la famille. Tous contribuent à soutenir les soins et la qualité de vie des résidents. Les relations avec les résidents créent un aspect personnel qui rend les carrières de soins de longue durée gratifiantes. Les pénuries de personnel se sont aggravées et la situation est devenue plus difficile pour le personnel. Les pénuries sont alimentées par la concurrence dans le secteur des soins de santé, les expériences de COVID-19 et les départs à la retraite de la main-d’œuvre existante.
Cette situation a provoqué une crise des ressources humaines en santé (RHS) à l’échelle du système, qui a frappé de plein fouet les soins de longue durée. Au dernier trimestre 2022, plus de 38 000 postes étaient vacants dans les foyers de soins de longue durée au Canada, soit plus du double des postes vacants en 2019.
Les gouvernements de toutes les allégeances politiques, aux quatre coins du pays, tentent de trouver des solutions à ce problème. Alors qu’ils proposent de nouvelles politiques et de nouveaux programmes visant à s’attaquer à certaines des causes profondes, il est important qu’ils disposent des informations nécessaires pour s’attaquer aux problèmes en question. Pour constituer cette base de données factuelles, il est essentiel d’impliquer directement le secteur des soins de longue durée afin de comprendre ce qui est nécessaire, et d’investir dans des efforts de développement de données afin d’éclairer les décisions politiques.
Il est essentiel d’améliorer les données relatives à la main-d’œuvre, en tenant compte de facteurs tels que l’âge de la main-d’œuvre et les dates prévues de départ à la retraite, afin de jeter les bases d’une planification à long terme de la main-d’œuvre. Ces données peuvent être utilisées pour éclairer les politiques d’immigration, le nombre d’inscriptions dans les collèges et universités, et la planification de la gestion des effectifs par le secteur des soins de longue durée lui-même.
Alors que la population canadienne continue de vieillir, il est essentiel de comprendre les besoins d’une population vieillissante. Nous savons que la population âgée du Canada augmente depuis des décennies. En 1997, on comptait 3,5 millions de Canadiens âgés de 65 ans et plus; en 2017, ils étaient 6,2 millions dans cette même tranche d’âge. En 2037, on prévoit qu’il y aura 10,4 millions de personnes âgées. Sur la base de ces informations, il est raisonnable de prévoir que la demande de soins de longue durée continuera d’augmenter.
Nous savons que les foyers de soins de longue durée devront être rénovés et développés pour augmenter leur capacité, mais il est essentiel que nous disposions d’un personnel suffisant. Un travail plus stratégique est nécessaire pour jeter les bases durables d’un recrutement et d’un maintien du personnel dans le secteur des soins de longue durée.
Au cours des prochaines semaines, la CALTC se penchera sur les défis liés aux RHS dans les soins de longue durée et sur les solutions politiques qui devraient être explorées. Grâce à cette série de réflexions, nous espérons mettre en évidence la nécessité cruciale pour les gouvernements de s’unir et d’accorder la priorité aux besoins en personnel dans le domaine des soins de longue durée.